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![]() Le Symbolisme du BeaucensNous allons aborder cet objet, qui constitue l’authentique blason de la Chevalerie templière en ses âmes et figures perdurables, sous différents angles pour découvrir les différentes facettes de l’Archétype et de la force spirituelle qu’il manifeste. Tout d’abord par son nom ! Comme nous l’avons rappelé dans l’ouvrage « Pourquoi la Résurgence de l’Ordre du Temple » publié en 1973 il a été donné par une templier inconnu qui, voyant cet étendard, s’exclama « Que tu es beau céans ! ». Les templiers médiévaux d’ailleurs l’appelaient plutôt « Beaucéans » et ce n’est qu’à la fin de la manifestation médiévale qu’il fut appelé Beaucens ; un petit village français, situé à proximité de son endroit de baptême porte, en souvenir, le nom de Beaucens. D’où vient donc ce symbole ? L’étendard que nous utilisons provient effectivement de l’Ordre Médiéval, mais n’est pas tout à fait semblable à celui-ci ; seule la croix diffère. Dans la Résurgence médiévale la croix était celle que nous portons actuellement sur nos capes, croix à branches courbes, « égale et juste », dite aussi des « huit béatitudes », symbole complet de la Chevalerie Spirituelle : Elle a été remplacée par la « Croix de Sang et de Lumière », Rouge et Or, à branches rectilignes, avec un filet doré au centre, qui est en résonance plus profonde avec l’ère de l’Esprit dans laquelle nous entrons actuellement. Cette croix était connue de nos Frères médiévaux mais n’était utilisée que dans certains rituels plus discrets, à forte dominante sacerdotale : ils les firent toutes disparaître de leurs « Commanderies de Grâce » lorsque, le Vendredi 13 Octobre 1307, commença la longue nuit des Corbeaux … Cette croix symbolise, par le Rouge, le sang de la vie biologique, sublimé par l’Or du Sang Spirituel en un sang lumineux, celui de l’Homme Ressuscité, cet l’Être Glorifié que nous serons nous-mêmes une jour. Donc, cette croix représente bien Jésus-Le-Christ Ressuscité, donc en Gloire, et ne possède plus aucun lien avec la croix de souffrance, souvent vénérée avec un zèle plus que douteux ! D’une part, la croix est un symbole bien antérieur à ‘incarnation de Jésus ; il a toujours été relié à la représentation des quatre forces fondamentales de l’Univers visible, quelque variante de forme qu’elle puisse présenter ! Dans la genèse, par exemple, ce sont les quatre fleuves qui sortent du Jardin d’Eden. D’autre part, la souffrance que Jésus a connue sur la croix ne faisait pas vraiment partie de sa mission ; elle lui fut imposée par la méchanceté, l’orgueil et la bêtise des hommes ! Le plan du Père pour la Rédemption de l’humanité n’imposait pas ce passage. En fait, si la mort était bien la porte étroite à franchir pour vivre totalement la condition humaine, cette mort sur la Croix, emplie de souffrance sur tous les plans, était, elle, totalement injuste ! Ici, nous pourrions résumer en nommant ce symbole, la Croix du Christ en Gloire, objet dont la méditation devrait pouvoir faciliter la compréhension de ce que nous allons vivre lors de Son Retour. Autrement dit, lorsque le Beaucens est présent en un lieu, c’est le Christ en Gloire qui s’y trouve manifesté, rayonnant déjà, dans l’invisible et l’Astral de la Terre, revenant sur la Terre pour rassembler les Ouvriers du Père ! Ce symbole figure aussi l’Avenir de Gloire auquel nous sommes conviés, pour peu que nous ne restions pas sourds et aveugle aux signes d’une époque en bouleversement… L’Être Humain est fait pour vivre dans un état de manifestation glorieuse dans la matière où il connaîtra tous les pouvoirs de l’Esprit sans subir aucune des limitations de la Matière. Nous constatons ensuite que cette Croix de Gloire trône sur un « Pavé Mosaïque » où le Noir et le Blanc se côtoient, se complètent et se manifestent toujours en égale quantité ; voilà qui semble condamner à l’erreur beaucoup de courant spiritualistes où le plus important est de s’enfuir vers les hauteurs célestes les plus éthérées, laissant là la Matière, un peu comme un résidu de notre évolution… La conception métaphysique et théologique du monde selon la tradition Templière est avant tout centrée sur l’incarnation, cette rencontre, quelquefois déconcertante, entre la lourdeur du monde manifesté et la mobilité du Feu spirituel, secret et personnalisé. Étudions donc plus en détail ce support à la semblance de l’Univers qui est Esprit et Ténèbre. La forme est, au départ, un peu déconcertante ! Bien sûr on y retrouve la lettre M, en hommage à Marie de Nazareth et à toutes les Mères du monde, à toutes les Maria sans lesquelles l’incarnation ne serait pas possible. C’est, en ce sens, une véritable porte de l’Incarnation que figure la forme générale de cet étendard. C’est aussi un signe de reconnaissance, dans les deux sens du terme, envers toutes les énergies et forces mariales qui, bien souvent, consolent et réconfortent le Pèlerin sur le Sentier. Qui saura dire tout le merveilleux Mystère qui nous relie à Norte Dame, Mère de nos Âmes et de notre Temple ? L’élégance de la Forme du Beaucens en constitue une manifestation. Mais il y a aussi une autre manière de voir les choses. Oublions un instant, l’échancrure mariale. Le rectangle dans lequel s’inscrit le Beaucens est un « carré long » facilement mesurable grâce aux carrés noirs et blancs, en nombre de 4 sur 8. Il est alors tentant d’associer, comme nous l’invite la tradition Templière, à joindre à ce rectangle visible un autre, invisible et de taille égale ; on obtient alors un échiquier universel, de 8 sur 8, figurant, en somme, la structure intégrale de l’univers manifesté. Et dans cette structure universelle, le blanc et le noir, la Lumière et la Ténèbre se côtoient toujours en égale quantité ! Que ce soit le lot du monde visible n’est pas pour nous surprendre mais cette présence de la Ténèbre dans l’invisible nous oblige à réfléchir plus avant sur ces deux notions, à leur opposition fonctionnelle comme à leur complémentarité dans la manifestation. « …et la Lumière dans la Ténèbre brille, et la Ténèbre ne l’a pas saisie… » Cette affirmation du Prologue de l’Évangile de Jean nous donne une piste de recherche. Tout d’abord, il semble nous indiquer que le noir est fait pour manifester, par contraste, le blanc ; mais il indique aussi que la Ténèbre pourrait avoir un effet excessif si elle saisissait, si elle s’appropriait la Lumière. Prenons l’exemple d’un projecteur de diapositives : il crée un faisceau de lumière dans lequel est présente une information, le contenu de la diapositive. Tant que le faisceau traverse l’air, il ne manifeste sa présence que par une vague diffusion lumineuse générée par les poussières contenues dans l’air ambiant. Mais, pour recueillir les informations présentes dans cette Lumière, il faut l’Opposition d’un écran matériel réfléchissant ; en revanche, si cet écran était complètement absorbant, il saisirait la Lumière sans nous livrer l’information ! Autrement dit, la Ténèbre est indispensable pour manifester l’information générée dans le Plan divin et transportée par la Lumière, invisible mais bien réelle, celle qui « …éclaire tout homme entrant dans le monde… » ; son rôle d’Opposition est fondamental. Mais si la Ténèbre capte complètement cette Lumière, l’information est perdue ; pour simplifier, il y aurait un comportement « normal » de la Ténèbre, l’Opposition ; et un comportement excessif, l’Absorption. Or, sur notre Terre, le jeu entre ces deux forces a été faussé par la Faute originelle de ceux qui auraient dû être les guides de l’évolution humaine ; cette expérience malheureuse nous fait donc largement confondre noir et mal, opposition et guerre. En fait, cette antinomie fondamentale est pour nous une véritable cause de « Mal-Être » et le Beaucens est là pour nous rappeler que la Croix de Sang et de Lumière est l’outil symbolique privilégié pour « résoudre » (et non pas éliminer !) cette dichotomie fondamentale de l’Ange et de l’Animal qui se côtoient irrémédiablement dans notre personnalité : elle nous invite à faire de cette tension entre deux « natures » radicalement différentes un moyen de progression vers l’Étoile de la Mère, celle que nous décrivait notre Frère Saint Bernard De Clairvaux. Le chemin est ardu puisque la croix repose sur la frontière entre le noir et le blanc, comme sur le fil d’un rasoir existentiel ; équilibre précaire mais stabilisé par la légèreté et l’harmonie insufflées par la Grâce et les soutiens spirituels divers qui nous sont accessibles… Encore faut-il écouter attentivement ce que « l’Esprit souffle aux Églises » comme nous rappelle le même Saint Jean dans l’Apocalypse ! La disponibilité aux plans supérieurs et la soif authentique de Lumière ont toujours constitué des armes privilégiées pour tout être humain s’engageant dans la Voie de la Chevalerie spirituelle, dont le Beaucens est justement le Blason ! Cette démarche n’est donc surtout pas une fuite vers les plans éthérés ; elle prend en charge la lourdeur de la Matière et lui apporte les forces de Sublimation dont nous devrions, par nature, être les canaux privilégiés. Enfin, le nombre de « carrés » est lui aussi symbolique ; s’il n’y avait l’échancrure, le nombre de carreaux visibles serait de trente deux, comme quatre fois huit ; en somme le quatre, nombre marial par excellence, multiplié par le huit, nombre de pointes de la croix des « huit béatitudes » ; l’accord parfait entre la Mère et le Fils en Gloire ! Mais, dans notre monde manifesté, à cause de ce Péché Originel dont nous avons parlé plus haut, le parfait n’existe pas vraiment ! L’échancrure est donc aussi l’expression de cette imperfection de notre monde et il ôte quatre carrés à notre blason ; il nous fait alors aboutir à une nouvelle multiplication, celle du sept par le quatre ! La voie de spiritualisation du quatre de la Matière passe, cette fois-ci, par le sept — lui-même somme du quatre de la Matière et du trois de l’Esprit ! — nombre de la voie mystique par excellence, la voie du Cœur. L’homme, partiellement privé de la totalité de la contemplation de l’univers visible, peut, tout de même, par la magie de ce nombre sept, accéder à la connaissance nécessaire à sa misson de serviteur, pour reposer son âme dans le septième jour où le temps s’arrête… « Il y aurait encore tant de chose à dire » s’exclamaient les Troubadours au sujet du Graal ! Semblable est notre embarras pour ne pas rendre trop long et indigeste la lecture de cette étude symbolique… Mais nous vous proposons un autre « challenge » (comme on dit maintenant !) : des méditations prolongées devant ce magnifique Objet-Sujet que constitue ce blason pourront encore apporter beaucoup de lumières au chercheur sincère et motivé ; c’est tout le bonheur que nous vous souhaitons, quelle que puisse être la Voie spirituelle que vous suivez. NON NOBIS… Ô BONITAS ! F+ Bernard, Porte Parole du Collège Templier |
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